Dans les relations d’aujourd’hui, le rapport à la sexualité est à la fois plus libre et plus complexe que jamais. On parle davantage de désir, de consentement, d’exploration, de compatibilité. Et pourtant, derrière cette liberté apparente, de nombreuses personnes — seules ou en couple — se sentent en décalage entre ce qu’elles espéraient vivre et ce qu’elles vivent réellement.
L’héritage des imaginaires
Nous arrivons dans la relation avec un bagage : représentations culturelles, récits familiaux, expériences passées, injonctions sociales, pornographie, romantisme idéalisé… Tout cela forme un imaginaire souvent puissant autour de la sexualité.
On pense que le désir doit être spontané, fréquent, réciproque. Que la compatibilité sexuelle est une évidence. Que l’envie de l’autre est une preuve d’amour. Et lorsque la réalité s’écarte de ce scénario — baisse de libido, décalage de rythmes, fatigue, stress, routine — on se sent parfois anormal·e, coupable, rejeté·e.
Quand les attentes deviennent pression
Dans de nombreuses relations, la sexualité devient un terrain de tension silencieuse. Ce n’est pas qu’on ne s’aime plus — c’est qu’on ne sait plus comment se retrouver dans cette sphère. L’un·e attend, l’autre évite. L’un·e se tait, l’autre culpabilise.
Il peut y avoir une souffrance mutuelle, mais peu d’espace pour en parler sans gêne ou défensivité. Et c’est précisément dans ce silence que naissent les malentendus, les frustrations et parfois même les éloignements durables.
Nommer, ajuster, redéfinir
L’enjeu n’est pas de « faire plus », mais de faire autrement. D’ouvrir un dialogue sans accusation ni attente de performance. De questionner, ensemble, ce que l’on attend de la sexualité : est-ce un moyen de se sentir désiré·e ? De se reconnecter ? De s’apaiser ? De se sentir vivant·e ?
Voici quelques pistes d’exploration que je propose souvent en accompagnement :
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Définir ce que représente la sexualité pour chacun·e dans le couple.
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Identifier les moments où l’intimité s’est éteinte — et ce qui l’a nourrie par le passé.
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Expérimenter des formes de connexion corporelle sans objectif sexuel.
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Exprimer ses besoins sans exigence, et écouter sans se sentir remis·e en cause.
Modernité ≠ spontanéité permanente
Dans nos vies modernes, chargées, pressurisées, connectées en permanence, le désir n’émerge pas toujours de lui-même. Il a besoin d’espace, de lenteur, de sécurité émotionnelle. Ce n’est pas un échec de devoir « créer les conditions du désir » : c’est, au contraire, une forme de soin que l’on offre à la relation.
Réconcilier attentes et réalités
Équilibrer les attentes et les réalités sexuelles ne veut pas dire renoncer à ses envies, ni se conformer à l’autre. C’est un processus de connaissance mutuelle, d’ajustement respectueux, et parfois de renégociation du lien érotique.
Cela demande du courage, de la curiosité, de l’honnêteté. Mais cela ouvre aussi la voie à une sexualité plus libre, plus incarnée, plus authentique — loin des modèles, proche de soi.
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